ALAIN RÖTHLISBERGER, PRESIDENT DE L’ASSOCIATION SUISSE DES RALLYES HISTORIQUES

Alain Röthlisberger, Président de l’Association Suisse des Rallyes Historiques : « Le nombre de participants a plus que doublé en VHC entre 2016 et 2019 sur les trois grands rallyes suisses ! »

Très engagés en faveur de la promotion du VHC, le rallye pour les véhicules historiques, en Suisse, Alain Röthlisberger, 35 ans, vivant à Cortébert dans le Jura Bernois, a contribué grandement à son développement grâce à son enthousiasme sans faille. A l’origine de la création et actuel président de l’Association Suisse des Rallyes Historiques , pilote lui-même depuis 2015, il se livre dans un interview accordé à swissrally.ch.

Alain Röthlisberger qu’est-ce qui est à l’origine de cette passion pour les véhicules de rallye historique ?
A l’origine c’est une passion qui est d’abord familiale. Mon père, très porté sur les voitures italiennes, nous a toujours montré les vidéos et photo de ses fiat 131 et autre Fiat Ritmo. J’ai donc toujours été bercé très près d’un moteur à carbu et je pense que ça a dû me marquer. En grandissant j’ai gardé la fibre pour la vielle mécanique et c’est, je pense principalement l’histoire que ces voitures transportent qui me fascine. Rouler et voire rouler une voiture historique c’est également se rappeler toutes les émotions qu’elles ont généré à leur époque, qui était LA grande époque de l’automobile.


Photo TRUSK

Vous roulez depuis 5 années, combien de départ en rallye ?
Ma mémoire n’est pas exacte mais, sauf erreur, 23 départs de rallye depuis 2015 et une saison 2019 assez fournie.

Quel véhicule roulez-vous actuellement et pourquoi ce choix ?
Actuellement je roule sur une Ford Escort RS2000 de 1978. C’était l’une des sportives par excellence que les jeunes pouvaient s’offrir dans les années 80. C’est une voiture mythique mais le choix de cette voiture s’est plutôt fait par opportunité. De plus, l’accessibilité des pièces pour cette voiture la rend plus facile à l’exploitation.

Pourquoi avoir choisi les véhicules historiques, c’est une catégorie qui est devenue très onéreuse au fil des saisons, ou les meilleurs possèdent des autos incroyables, que ce soit en niveau de performance ou dans le CV de la voiture elle-même. Gagner est devenu impossible sans moyens, comme en modernes, qu’en pensez-vous ?
C’est malheureusement vrai. Et si mon choix se porte sur le VHC c’est que contrairement au moderne, posséder une voiture historique reste un « investissement ». La voiture historique à sa cote et la garde. Investir de l’argent au fil des années n’équivaut pas à le perdre. C’est, je dirais, le point fort du VHC. Ensuite il est vrai que sans un budget totalement démesuré il est difficile de construire une voiture pour gagner, mais l’enjeu en historique est différent. La plupart des équipages viennent pour l’ambiance et pour « se tirer la bourre » entre copains. La mission que je me suis donné est de faire venir rouler un bon nombre de petites et moyennes voitures afin d’étoffer le plateau qui était très faible en nombre, c’est ainsi qu’on s’amuse. Mon frère qui roule sur sa Fiat 127 ou encore Bitto avec l’Autobiancchi A112, viennent clairement pour le plaisir et le fait d’avoir un « concurrent » avec qui jouer suffit à passer un super week-end. En résumé le plaisir n’est pas proportionnel au budget en VHC. L’Association Suisse des Rallyes Historiques récompense d’ailleurs également, en fin d’année, les « petites voitures » par un classement spécial.


Photo: www.project-diffusion.ch

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Comment est né votre engagement à la promotion du rallye historique en Suisse ?
En assistance pour Schneeberger en 2014, j’avais déjà remarqué le côté très antipathique des assistance VHC, chacun dans son coin, et, après avoir couru en 2015 et 2016, rien ne changeait. Je m’engage donc pour le plaisir et si je n’en trouvais pas je ne le ferais pas. Après c’est mon côté jurassien qui a parlé, le coté bon vivant, rassembleur et qui aime la convivialité. Tout a été basé là-dessus au départ.

Ces dernières années les relations avec les officiels d’Auto Sport Suisse étaient pour le moins tendues. Pourquoi et quelle est la situation aujourd’hui ?
(rires), Il est vrai que nous sommes partis du mauvais pied. Si ma première démarche avait été faites correctement, avec un rendez-vous chez eux et une explication de ce que je voulais faire, la suite aurait été un peu moins tendue. Avec le recul j’ai fait deux erreurs, elle m’ont permis d’avancer, mais m’ont presque froissé avec l’ASS. La première est de penser que l’on peut imposer ses idées et on verra ensuite. La seconde : aller trop vite. J’ai vu Auto Sport Suisse comme une entité rigoureusement opposée à mes actions, mais je n’ai pas compris, dans un premier temps, qu’il y a un vrai aspect politique dans cette démarche et on ne peut pas arriver avec trois idées et modifier des années de mise en place. Il faut être accepté, faire ses preuves et démontrer que nos idées marchent avant de vouloir tout bousculer. En créant l’association, cela nous a permis d’avoir la liberté d’action et de faire nos preuves sans être opposé frontalement à Auto Sport Suisse, ce qui a détendu l’atmosphère. J’ai aussi pris plus de temps pour connaitre tous les acteurs et discuter avec eux afin qu’ils comprennent bien ma démarche. Aujourd’hui ce sont les chiffres qui parlent et le succès de l’historique avec l’augmentation des concurrents est un fait. La notoriété acquise également. C’est une première petite victoire pour nous et pour que l’on puisse vraiment être accepté dans la « famille » par l’ASS. Maintenant il nous faut démontrer sur la durée que notre travail sera maintenu et assuré.

Sous votre impulsion l’Association Suisse des Rallye Historiques a vu le jour et vous en êtes le président. Quelles sont ses objectifs et ses premiers résultats ?
Toujours plus de voitures historiques engagées, sans compromettre le bel équilibre que nous avons, avoir de plus en plus de petites voitures, des jeunes, pourquoi pas des équipages féminins. Mon réel objectif aujourd’hui et de maintenir ce qui a été mis en place et solidifier tout ce qui a été fait. Je ne veux pas que le VHC devienne trop grand trop vite. Les résultats entre 2016 et 2019 sont les participations qui ont été doublée sur les trois grands rallyes suisses, avec un passage de quatre à 15 voitures au Critérium Jurassien.

Le plateau des véhicules engagés au départ de la catégorie VHC lors des manches du Championnat Suisse des Rallyes a été en augmenté considérablement ces trois dernières années. Cette saison il était vraiment très attractif, vous en êtes à l’origine, ce doit être une belle satisfaction ?
Oui vraiment comme dit ci-dessus. Le nombre de participants à plus que doublé. Je suis vraiment ému à chaque fin de rallye quand je vois ce qui a été réalisé. Quand je vois d’où on est parti et où nous sommes aujourd’hui et, surtout, les équipages qui me rendent cent fois le travail que l’ont fait par leur gentillesse, c’est un vrai plaisir. On a une chance exceptionnelle en Suisse de vivre ça et c’est unique en Europe.


Photo: www.project-diffusion.ch

Photo: www.project-diffusion.ch

Pour les organisateurs des rallyes en Suisse, l’Association Suisse des Rallyes Historiques est devenue un interlocuteur important. Le ressentez-vous et qu’attendez-vous des organisateurs à l’avenir sachant que le VHC devient un acteur incontournable à la survie des épreuves ?
Les organisateurs de rallyes sont les premiers à avoir cru en mon idée et les premiers à m’avoir soutenu. Sans eux je n’y serai pas arrivé. Et vraiment je les remercie encore car sur chaque épreuve, on peut se mettre à table et parler de ce qui est possible. Pour l’instant le dialogue est toujours très ouvert et j’aimerai garder nos « acquis » mais on le sait, rien n’est facile, ni pour eux, ni pour nous et tout est toujours en constante négociation. Je sais qu’ils sont vraiment là pour nous aider. Si de notre côté on peut leur apporter notre soutien par les participations c’est aussi notre manière de pouvoir contribuer en pratiquant notre sport, on est, à ce niveau-là, tous complémentaires.

2020 se profile déjà, que pensez-vous du calendrier du Championnat Suisse des Rallyes Historiques ?
Le calendrier me plait beaucoup. J’ai vraiment hâte de voir le Tessin et j’espère pourvoir apporter tout notre soutien à ce rallye. J’ai commencé par ce rallye et il est pour moi important que les rallyes nationaux soient mis en valeur. Le Rallye du Mont-Blanc c’est une aubaine pour nous VHC, gros mais magnifique rallye, avec la possibilité de nous mesurer au très bon pilote français. Ce sera une étape magique du championnat

Le 30 novembre a lieu la soirée de remise des prix de l’Association Suisse des Rallyes Historiques. C’est une soirée ouverte au public, que proposez-vous ?
La soirée du 30 novembre est une soirée ouverte à tout le monde, pour autant qu’on y parle de VHC (rire). C’est notre soirée, celle où on met en valeur et en avant tout les anecdotes et tous les équipages du VHC. C’était important pour moi d’avoir cette date car elle permet à tous de se rassembler et de se sentir considéré, tout comme le fait le trophée Interswiss ou d’autres écuries. L’idée n’est pas nouvelle mais c’est un joli repas de gala, un peu endimanché dans un cadre très agréable et qui est géographiquement situé un peu au milieu de tous. Cette année nous avons plus d’équipages suisse alémanique et c’est aussi quelque chose à relever car notre sport à besoin de sang neuf et de ce côté-là de la Suisse les motivés ne manquent pas.

Quel est la question que nous ne vous avons pas posé et à laquelle vous auriez souhaitez répondre ?
Quelles serait la réponse que vous apporteriez à cette question non posée ?
(Pour le coup c’est plus une remarque générale) Je vois et j’entends toujours des gens qui se plaignent des différentes situations dans différents contextes du monde du rallye. Et cette expérience m’a appris une chose et j’aimerais vraiment la partager avec tout le monde. Ici rien n’est impossible et aucun problème reste un problème. Il faut par contre vouloir trouver les solutions et être prêt à y engager temps et volonté. Faire tourner un rallye ou un trophée et un boulot monstre et notre monde a besoin d’être soudé.
Ne jetez pas de l’huile sur le feu mais aidez les acteurs à améliore leur système avec des demandes concrètes.